Il suffit d’ouvrir les yeux pour sentir que quelque chose s’efface. Pas seulement dans les rues bruyantes, les réseaux saturés, ou les conflits que l’on diffuse comme des spectacles, mais dans le regard même des hommes, dans ce silence intérieur qui se fait rare.
Le monde moderne a troqué l’âme contre la vitesse. Tout doit aller vite, tout doit être rentable. L’enfant ne rêve plus, il scrolle. L’adulte ne pense plus, il répète. La parole est devenue slogan, le doute une faiblesse, la nuance une offense. On ne cherche plus à comprendre, mais à vaincre.
Où sont passés les philosophes du quotidien, les poètes de l’ombre, les rêveurs debout ? Où sont passées les consciences tranquilles, les âmes silencieuses qui savaient écouter le vent ?
Ce monde, en perdant son âme, perd aussi la beauté de sa complexité. Tout devient binaire : pour ou contre, noir ou blanc, bien ou mal. Or l’âme, elle, habite les zones grises, les interstices, les soupirs.
Je n’écris pas pour donner des leçons. J’écris pour garder une trace. Peut-être pour ne pas oublier que l’âme existe encore. Qu’elle vibre dans un regard sincère, une main tendue, un geste gratuit.
Je veux croire qu’un autre monde est possible. Pas un monde parfait, mais un monde plus vrai. Un monde où l’on ose penser, aimer, douter, chercher. Où l’on prend le temps de parler, de lire, de rêver.
C’est à cela que servira L’Esprit Libre : un espace pour ceux qui ne veulent pas se résoudre au bruit. Un souffle. Un éclat. Un feu discret mais tenace.
Parce que tant qu’il y aura des mots pour dire l’âme, elle ne mourra pas.
peter rice