Au commencement, l’homme rêvait.
Il rêvait d’étoiles, de fraternité, d’horizons lointains.
Il sculptait des mots dans le silence, élevait des temples vers le ciel.
Mais très vite, il s’est cru maître.
Maître du temps, maître des autres, maître de la vie.
Et c’est là qu’il s’est perdu.
L’humanité a trahi l’humanité.
Nous avons troqué nos cœurs contre des algorithmes,
Notre sagesse contre des armes,
Notre innocence contre des écrans.
Et dans ce vacarme étourdissant, nous avons oublié l’essentiel :
Le respect du vivant, le mystère du souffle, la beauté du doute.
Où sont passés les poètes ?
Les sages, les bâtisseurs d’avenir ?
On les a ridiculisés, marginalisés, enterrés sous le bruit.
À leur place, on a élevé les marchands et les menteurs,
Ceux qui vendent le monde en morceaux
Et appellent cela « croissance ».
Nous sommes devenus étrangers à nous-mêmes.
On ne naît plus, on est produit.
On ne vit plus, on consomme.
On ne meurt même plus, on disparaît dans l’indifférence.
L’âme ? Un mythe.
La mémoire ? Un fichier.
Le sens ? Une variable d’ajustement.
Et pourtant… il reste une braise.
Un souffle. Une vérité que l’on ne peut pas éteindre.
L’amour, la vraie beauté, la conscience nue,
Elles survivent, fragiles, mais indestructibles.
Elles parlent encore à ceux qui écoutent.
Elles vivent dans les cendres de nos défaites.
Et c’est à elles que ce manifeste s’adresse.
À toi, l’être éveillé.
Tu n’es pas seul.
Tu as vu, toi aussi, la laideur maquillée en progrès,
Tu as senti que quelque chose ne tournait plus rond,
Tu sais, au fond, que ce monde court vers le vide.
Mais tu n’as pas renoncé.
Tu marches encore. Tu portes encore la lumière.
Ce monde n’a pas besoin d’un nouveau système.
Il a besoin d’une nouvelle conscience.
Pas une révolution de sang,
Mais une révolution de l’âme.
Une mémoire retrouvée.
Un réveil de la dignité.
Il est temps de désapprendre.
Désapprendre la haine, le mépris, la peur de l’autre.
Désapprendre la servitude volontaire,
Désapprendre la soumission à l’absurde.
Il est temps de se défaire des chaînes invisibles,
Celles que l’on porte avec le sourire.
Il est temps de redevenir humain.
La vraie révolution commence à l’intérieur.
Tant qu’on cherchera des coupables sans se regarder en face,
Tant qu’on criera sans écouter,
Tant qu’on détruira sans comprendre,
Il n’y aura ni paix, ni justice, ni avenir.
Celui qui se connaît, connaît le monde.
Celui qui se transforme, transforme le monde.
L’espoir n’est pas mort. Il dort.
Sous les ruines des utopies trahies,
Sous le béton des villes mortes,
Dans les regards d’enfants que plus personne n’écoute,
L’espoir n’est pas mort.
Il attend qu’on le nomme, qu’on le protège, qu’on le vive.
Et il ne renaîtra que si nous cessons de trahir nos âmes.
Il n’est pas trop tard.
Tant qu’un seul être ose encore aimer,
Tant qu’un seul homme ose encore dire non,
Tant qu’une seule femme marche debout malgré la nuit,
Alors le monde peut changer.
Peut-être pas en un jour,
Mais assez pour que naisse une nouvelle ère.
À ceux qui gouvernent par la peur,
Votre règne s’effondrera.
Ni vos murs, ni vos banques, ni vos satellites ne vous sauveront.
Vous avez oublié que l’homme n’est pas une machine.
Qu’il pense, qu’il rêve, qu’il saigne.
Et quand viendra le réveil, il n’aura plus besoin de vos chaînes.
Il marchera libre, et vous tremblerez.
À ceux qui souffrent en silence,
Vous êtes les gardiens du feu.
Votre douleur est le miroir de ce monde malade.
Mais ne vous laissez pas briser.
Même dans la nuit la plus noire,
Une étincelle suffit pour rallumer l’aurore.
Le monde que nous laisserons parlera pour nous.
Et que dira-t-il ?
Que nous avons préféré le confort à la vérité ?
La domination à la solidarité ?
La vitesse à la profondeur ?
Ou dira-t-il que nous avons su changer, enfin,
À l’instant ultime, pour redevenir des êtres de lumière ?
Ce manifeste n’est pas une fin. C’est un début.
Un point d’ancrage pour les âmes perdues,
Un appel à la lucidité, à la beauté, à la résistance douce.
Un chant pour ceux qui refusent la résignation.
Un message dans la bouteille du temps.
Qu’il soit lu, ou pas. Qu’il survive, ou pas.
Il a été écrit. Il est vrai.
La planète n’est pas un décor.
Ce n’est pas un arrière-plan pour nos folies.
Elle est vivante, consciente, blessée.
Elle n’a pas besoin de nous,
Mais nous, sans elle, nous ne sommes que poussière.
Respecter la Terre, ce n’est pas un luxe écologique :
C’est un devoir sacré. C’est un acte de survie.
Le silence est devenu un acte de révolte.
Dans un monde qui crie pour vendre,
Parler bas devient un cri de dignité.
Celui qui se tait pour écouter,
Celui qui regarde sans juger,
Celui-là résiste.
Il est rare. Il est fort. Il est nécessaire.
L’humanité n’a pas échoué par ignorance,
Mais par orgueil.
Elle a cru tout savoir.
Elle a méprisé les anciens, les vivants, les invisibles.
Elle s’est crue au sommet, alors qu’elle n’était qu’à l’orée.
Il est temps d’apprendre à genoux,
Non devant des dieux, mais devant le mystère de la vie.
La beauté sauvera peut-être le monde, mais seulement si nous la reconnaissons.
Elle est dans un geste, dans un regard,
Dans une larme qui ne tombe pas.
Elle est dans les choses simples,
Celles qu’aucune machine ne peut imiter.
Ce monde mourra le jour où plus personne ne saura pleurer devant un arbre,
Ou sourire devant une étoile.
À toi qui lis ces lignes…
Tu es vivant. Et cela suffit pour porter la flamme.
Tu es peut-être seul, mais tu n’es pas invisible.
Ton souffle compte. Ta voix porte.
Ne te laisse pas enfermer dans la peur, la honte ou l’oubli.
Tu es une étincelle d’éternité dans une époque en ruine.
Et même si tout s’effondre,
Sois ce feu qui éclaire,
Ce feu qui réchauffe,
Ce feu qui refuse de s’éteindre.
PETER RICE

À l’Humanité, mon message sans détour
Nous avions des idéaux, des visions hautes comme les étoiles.
Mais l’homme… l’homme reste ce qu’il a toujours été :
Un animal apeuré, déguisé en dieu.
Il bâtit des temples, mais détruit des vies.
Il parle de paix, mais s’arme jusqu’aux dents.
Il rêve d’éternité, mais sème la ruine à chaque pas.
Plus je vieillis, plus je cherche un sens,
Et plus je découvre que cette planète n’a pas besoin de nous.
C’est nous qui avons besoin d’elle. Et pourtant,
Nous la violons, nous l’exploitons,
Comme si tout nous était dû,
Comme si notre passage ici avait la moindre importance.
Je ne vous écris pas pour convaincre.
Je vous écris pour témoigner.
Que ceux qui viendront après sachent que certains ont vu,
Certains ont pleuré, certains ont crié.
Et même si ce cri se perd dans le vacarme du monde,
Il existe. Il brûle. Il est vrai.
Je suis une poussière dans l’immensité.
Mais même une poussière peut briller,
Un instant. Une étincelle contre l’oubli.
— Peter Rice