Nom complet : Gaius Julius Caesar Augustus Germanicus
Surnom : « Caligula », signifiant « petite sandale » en latin (donné par les soldats de son père Germanicus quand il était enfant, car il portait des petites bottes militaires).
Dates : né en 12 apr. J.-C., empereur de 37 à 41 apr. J.-C.
Mort : assassiné à 28 ans par des membres de la garde prétorienne.
Il devient empereur à 24 ans, après la mort de Tibère, et son règne, court (moins de 4 ans), est devenu légendaire à cause de récits d’excès, de cruauté et de folie.
Que dit l’Histoire ?
Début du règne : très populaire. Caligula rendit hommage à Tibère, fit libérer des prisonniers politiques et réduisit les impôts.
Virage sombre : après quelques mois, il tomba gravement malade. Selon les sources, il ne se remit jamais psychologiquement.
Règne marqué par :
Dépenses extravagantes (fêtes, jeux, constructions démesurées).
Humiliations et exécutions arbitraires des sénateurs.
Relations incestueuses supposées avec ses sœurs.
Projets farfelus (comme nommer son cheval Incitatus consul).
Fin violente : assassiné lors d’une conspiration impliquant la garde prétorienne.
Pourquoi Caligula fascine-t-il autant ?
1. Le mythe de la folie absolue
Les historiens antiques (Suétone, Dion Cassius) ont largement exagéré — ou au moins dramatisé — ses folies.
Caligula incarne l’archétype du tyran devenu fou par le pouvoir, une figure à la fois repoussante et magnétique.
Son image questionne : le pouvoir rend-il fou ou révèle-t-il simplement la folie latente ?
Le mélange de violence et de luxe
Caligula symbolise l’alliance troublante entre :
Raffinement extrême (fêtes somptueuses, architecture, arts)
Barbarie la plus crue (tortures, humiliations publiques, exécutions spectaculaires)
Ce contraste frappe l’imaginaire. Il incarne la décadence de Rome poussée à son paroxysme.
Une figure théâtrale
Caligula aimait choquer, se déguiser en dieu, briser les codes. Il transformait le pouvoir en spectacle, se prenant pour Jupiter ou Apollon.
Cela fait de lui un personnage de tragédie vivante, à mi-chemin entre comédie grotesque et drame sanglant.
Une inspiration culturelle inépuisable
Albert Camus en a fait un chef-d’œuvre théâtral (Caligula, 1944), montrant un homme lucide, obsédé par l’absurdité du monde et sa propre toute-puissance.
De nombreux films et séries l’ont représenté (comme I, Claudius ou le film controversé Caligula de 1979).
Il est devenu un symbole de l’excès, de la démesure, et du danger d’un pouvoir sans limites.
Il nous renvoie à nos propres peurs
Caligula nous fascine car il nous interroge :
Que ferions-nous si nous avions un pouvoir absolu, sans aucune limite ?
Serions-nous sages… ou sombrerions-nous nous aussi dans l’hubris et la cruauté ?
Il incarne la face sombre de l’humanité, ce que nous pourrions devenir si la morale et la peur des autres disparaissaient.
Caligula continue de nous obséder parce qu’il n’est pas seulement un monstre historique :
Il est un miroir de nos fantasmes et de nos cauchemars.
Il interroge la fragilité de la raison face au pouvoir, la frontière floue entre grandeur et folie.
Ainsi, Caligula n’est pas qu’un empereur sanglant du passé : il est aussi un avertissement intemporel sur les dérives de l’orgueil et de l’inhumanité.
peter rice